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La lutte contre le rΘchauffement climatique doit faire partie des prioritΘs

5 November, 1998
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Buenos Aires - Selon un rapport scientifique du WWF (1), la plus importante organisation de protection la nature dans le monde, le rΘchauffement climatique favorise une expansion massive des maladies infectieuses, qui font d'ores et dΘjα de nouvelles victimes dans les pays industrialisΘs. La combinaison de la rapide augmentation des tempΘratures du gobe et de conditions climatiques extrΩmes se traduit par un nombre croissant d'ΘpidΘmies, y compris dans des rΘgions ΘpargnΘes jusqu'ici. Les personnes ΓgΘes et les enfants sont les premiers touchΘs.

"Le rΘchauffement climatique est de nature α semer la dΘsolation et α accroεtre la misΦre humaine sur les cinq continents", observe Jennifer Morgan, en charge de la politique climatique du WWF- Etats-Unis. "La nΘcessitΘ de rΘduire les Θmissions polluantes qui sont α l'origine de ce phΘnomΦne mΘrite le mΩme degrΘ de prioritΘ de la part des gouvernements que la lutte contre la prolifΘration des armes chimiques et biologiques."

Le rapport, rΘdigΘ par le Dr Paul Epstein, directeur adjoint α l'Θcole de mΘdecine de Harvard (2), aux Etats-Unis, est un sΘrieux avertissement α l'intention des nations peu empressΘes α diminuer leurs Θmissions de gaz α effet de serre. Parmi ces derniers, le dioxyde de carbone (CO2), dΘgagΘ par les combustibles fossiles comme le charbon, le pΘtrole ou le gaz, joue un r⌠le majeur dans le rΘchauffement climatique, dont l'un des effets notoires est de modifier sensiblement les modΦles mΘtΘorologiques.

La dengue, la malaria et le cholΘra sont en tΩte de la liste des maladies les plus prΘoccupantes. Le Dr Epstein montre comment les ΘpidΘmies ont dΘjα affectΘ le commerce, le tourisme et la sΘcuritΘ Θconomique de nombreux Etats. Au PΘrou, par exemple, l'ΘpidΘmie de cholΘra de 1991 a co√tΘ plus d'un milliard de dollars US au pays, obligΘ de renoncer α exporter ses produits de la mer et dΘsertΘ par les touristes. Les compagnies d'aviation et l'industrie h⌠teliΦre ont quant α elles perdu plus de deux milliards de dollars en 1994 α cause d'un flΘau similaire en Inde. La dengue qui menace les Cara∩bes pourrait avoir des consΘquences dΘsastreuses sur l'industrie du tourisme de la rΘgion et son chiffre d'affaires de 12 milliards de dollars.

Comme le rΘchauffement du climat permet aux moustiques vecteurs de la malaria et de la dengue de survivre sur des territoires plus Θtendus et α des altitudes plus ΘlevΘes, ces maladies frappent dΘsormais des populations autrefois peu concernΘes. La dengue - qui a des similitudes avec la grippe, peut avoir une issue fatale et pour laquelle il n'existe aucun vaccin - s'est propagΘe en AmΘrique latine en 1995. Des cas ont ΘtΘ signalΘs jusqu'au nord de l'Argentine. Elle est aussi apparue en Australie et sΘvit maintenant rΘguliΦrement en Asie.

La malaria est responsable de la mort de deux millions de personnes chaque annΘe; mais ce sont deux milliards d'individus qui sont susceptibles de la contracter. Lors des pΘriodes de grosse chaleur et d'humiditΘ enregistrΘes dans les annΘes 1990 aux Etats-Unis, des cas de malaria ont surgi dans les Etats de Californie, de New York, du New Jersey, du Texas, de GΘorgie, de Floride, du Michigan et de Virginie ainsi qu'α Toronto, au Canada. Selon les scientifiques, il est α prΘvoir que de plus en plus d'ΘpidΘmies de malaria Θclateront en dehors des zones tropicales dans les annΘes α venir.

Experts et gouvernements s'accordent pour dire que le globe s'est rΘchauffΘ de 0,6░C au cours de ce siΦcle. Ainsi, les sept annΘes les plus chaudes depuis que les scientifiques ont commencΘ α conserver des donnΘes climatiques, il y a 150 ans, se situent toutes dans la derniΦre dΘcennie, le record ayant ΘtΘ atteint en 1997. Record qui risque d'Ωtre battu en 1998 puisque chaque mois, de janvier α ao√t, a ΘtΘ le plus chaud jamais enregistrΘ. Si les gouvernements continuent α opter pour une attitude attentiste et maintiennent leurs Θmissions de gaz α effet de serre au niveau actuel, la concentration de ceux-ci dans l'atmosphΦre engendrera une ΘlΘvation globale des tempΘratures de 1 α 3,5░C au cours du 21Φme siΦcle.

"Des hivers et des nuits plus chaudes altΦrent la distribution des moustiques porteurs de virus tandis que les conditions climatiques extrΩmes telles que sΘcheresses et inondations gΘnΦrent de vΘritables bouillons de culture pour les maladies infectieuses. Les co√ts de la passivitΘ sont Θnormes", commente le Dr Paul Epstein.

Et le problΦme va encore s'aggraver dans la mesure o∙ le rΘchauffement du climat perturbe l'Θquilibre des populations d'espΦces prΘdatrices commes les rapaces, les serpents ou les chauve-souris qui Θliminent les insectes et les rongeurs en excΦs.

Par ailleurs, la frΘquence accrue des sΘcheresses et des inondations, autre signe de l'ΘlΘvation des tempΘratures de la planΦte, cause directement la mort de nombreuses personnes, en plus d'ouvrir la porte aux ΘpidΘmies.

En 1995 et durant le passage de El Ni±o en 1997/1998, des vagues de chaleur inhabituelles, que certains scientifiques ont associΘes au rΘchauffement du climat, ont fait des milliers de morts en Inde et des centaines en Europe centrale et aux Etats-Unis. La sΘcheresse qui les a accompagnΘes a transformΘ en brasiers de grandes surfaces de forΩts en Asie, dans le bassin mΘditerranΘen, en AmΘrique centrale, au Mexique, en Floride et en Californie. Ces incendies ont dΘgagΘ de gigantesques nuages de fumΘe, provoquant une dramatique augmentation des irritations oculaires et des maladies respiratoires et cardiaques. Dans un monde qui se rΘchauffe, ce genre d'atteintes graves et soudaines α la santΘ publique risque bien de se multiplier.

ParallΦlement, les inondations qui ont touchΘ l'Afrique α la fin 1997 ont conduit α une rΘsurgence du cholΘra, de la malaria et de la fiΦvre de Rift Valley. Le cholΘra a aussi sΘvi dans certaines rΘgions d'AmΘrique latine, α la suite d'inondations le long de la c⌠te Pacifique et au sud du BrΘsil.

Dans les pays en dΘveloppement, les conditions sanitaires dΘpendent souvent de l'abondance des rΘcoltes. Tant les inondations, qui favorisent la propagation de champignons, que les sΘcheresses, terrain propice pour les parasites, les insectes et les rongeurs, ont un impact considΘrable sur la production agricole mondiale. A l'heure actuelle, la moitiΘ de celle-ci, soit une valeur de 250 milliards de dollars, est perdue α cause des ravageurs et cette proportion pourrait encore augmenter avec des conditions climatiques plus chaudes et plus imprΘvisibles.

La semaine prochaine, les ministres de l'environnement de quelque 170 pays se rendront α Buenos Aires pour participer aux derniΦres sessions de la confΘrence des Nations unies sur le changement climatique. "Les nations industrialisΘes doivent absolument prendre des mesures plus drastiques contre le rΘchauffement du globe et garantir une rΘduction significative de leurs Θmissions de gaz α effet de serre d'ici le dΘbut du siΦcle prochain", conclut Jennifer Morgan.

- Fin - Pout tout renseignement complΘmentaire, contacter:Andrew Kerr, tΘl.: +54 1 969 7117

Notes aux rΘdactions:

(1) Climate Change and Human Health. Dr Paul Epstein. WWF International. Novembre 1998.

(2) Dr Paul Epstein, M.D., M.P.H. est directeur adjoint du Center for Health and the Global Environment, Harvard Medical school, Boston, Massachusets, Etats-Unis.

(3) Pour la presse prΘsente α Buenos Aires: le WWF dispose de 4 minutes de sΘquences filmΘes montrant des victimes du cholΘra et de la dengue, ainsi que le moustique Aedes aegypti, vecteur de la dengue.